Ce n’est pas glorieux. Faire un bilan après une semaine de marche en ayant le cœur si lourd, c’est dur, je dois bien l’avouer.
Nous sommes partis de Bluff, comme convenu. Ces 35 premiers kilomètres ont été vraiment dur.s Les sacs étaient très lourds et le chemin des plus long pour un premier jour. Arrivés à Invercargill, je compte déjà 2 ampoules (c’est l’histoire de ma vie lorsque je marche). Nous prenons le temps de faire nos papiers pour la banque, de récupérer mes chaussures que j’attendais depuis 4 jours déjà et de faire quelques modifications dans nos plannings et dans nos sacs, ce jour de repos nous permet de repartir « frais » vers Riverton.
De nouveau 35km, dont 25km sur la plage. Moins éreintante que la première étape, ça reste dur physiquement et Tancrède se fait mal sur les derniers kilomètres. Mon tendon d’Achille est extrêmement douloureux, mais je me dis que demain ça ira mieux. On se couche donc le cœur lourd en se demandant ce que le lendemain nous réserve.
À mon grand désarroi, Tancrède ne peut vraiment plus marcher, sa décision est prise, il veut partir de cette ville qui représente un échec et bosser dans le Nord de l’île. Pour moi c’est un peu plus compliqué. Un ami me dit que ma douleur doit être prise au sérieux, car ça peut entraîner la rupture du ligament, mais je me sens apte à continuer.
Nous décidons de prendre une journée de plus pour y réfléchir. Mais nous retournons à Invercargill pour ne pas agir dans la précipitation. Ce n’est pas trop loin du chemin, mais suffisamment éloigné pour que Tancrède puisse rentrer à Christchurch.
Mais je ne peux rentrer trop vite, je lui propose donc de faire du stop. Par chance, une dame nous prend en quelques minutes et nous dépose au centre ville de Christchurch. Nous y rencontrons un français venant de terminer le TA, on en parle longuement. Je sens que je veux le faire, je ressens que je dois le faire. Mais plus dans ces conditions, plus maintenant, pas comme cela. J’ai trop précipité les choses, j’ai voulu aller trop vite, sans prendre en considération Tancrède ses faiblesses, la réalité du terrain… Je me sens triste mais surtout idiote de m’être lancée ainsi. Je me sentais prête mais nous étions deux, je me sentais confiante car j’avais fait St Jacques mais c’est le TA.
Le retour de manivelle est un peu violent, mais c’est en tombant qu’on apprend et qu’on se relève. Alors avançons… Lais pas tout de suite sur le TA. J’étais prête à marcher à deux, j’étais prête à faire des concessions et maintenant, il faut repartir seule ? Je ne suis pas dans le bon mood, je ne suis plus convenablement équipée…
Je dois d’abord me ressaisir, reprendre confiance en moi, croire en mes capacités et repartir. Peut-être en octobre ? Dans le « bon » sens ?
Maintenant, il faut faire le deuil de cette aventure ; je me sens vide, je me sens triste et incapable de prendre la bonne décision. Mais la marche ne cesse de m’animer. Si ça ne peut être sur le TA dans l’immédiat, alors je marcherai pour découvrir l’île d’une autre façon. Et comme le destin est bien fait, je rencontre un Tchèque qui a marché 3 mois sur les deux îles en se faisant son propre road trip. Ça m’inspire, je dois me relancer et chercher à rebondir de cette façon. Ce n’est pas sur le TA (pour le moment), ça me blesse, mais c’est le destin et c’est toujours mieux de ne pas le forcer (on voit ce que ça donne quand on ne va pas dans son sens, ou trop vite, ou trop loin…).
Lève-toi et marche !
Je repars donc pour de nouvelles aventures. En apprenant sans cesse de la vie.
J’ai précipité les choses, je précipite toujours tout. Ça m’a joué plusieurs fois des tours et je n’ai pas appris de mes erreurs. Pensant revenir comme neuve de St Jacques je ne me suis pas plus remise en question que ça à propos de la vitesse à laquelle je repartais. C’est maintenant chose faite ! Vais-je enfin me sevrer de toute cette précipitation qui m’envahit régulièrement ?

Je dois avouer que de gros doutes m’animent depuis l’arrêt du TA. Mais c’est le destin. Maintenant que la décision est prise, il faut continuer à avancer. Et la destinée fait toujours bien les choses. Depuis 3 jours c’est le déluge et aucun randonneur ne peut marcher sur le TA. Il risque d’être bloqué pendant un certain temps. Donc ce n’était juste pas mon moment, c’est tout.
Pour être tout à fait franche, rebondir est plus compliqué que prévu. Repasser en mode Backpackers, créer un itinéraire de tourisme, se reprendre en main… Moi qui ressentais le besoin et l’envie de découvrir autrement cette île. Serait-ce par le travail et les rando ? Par l’acquisition d’un van pour être plus libre ? Seul l’avenir nous le dira. Mais quoi qu’il en soit, changer ses plans, sortir de ses propres sentiers battus n’est pas chose aisée. Mais ça ne peut être que positif pour la suite.
Alors Hop !
Surprenant…
… et en même temps je te comprends !!!
Ta déception doit être grande, alors prends quand même le temps d’accepter la situation
Et peut être en attendant, tu pourrais envisager un autre projet, plus accessible, plus proche de tes bases, et peut être un peu moins ambitieux dans un premier temps, pour te « remettre le pied à l’étrier »
Bon courage pour la suite
Je t’embrasse
Amitiés
José RENOUL 🇫🇷
J’aimeJ’aime
Merci José 😊 Il faut juste rebondir, y croire de nouveau et ré attaquer !
J’aimeJ’aime
Bravo d’avoir su arrêter, c’est une décision hyper courageuse. C’est un de mes rêves aussi de faire le TA, j’espère qu’on y arrivera toutes les deux 😉
J’aimeJ’aime
Oh merci. C’est très gentil…
J’espère aussi que tu réussiras. Qui sait, nous nous croiserons peut être ?????
J’aimeJ’aime
On s’est rencontrées en auberge de jeunesse à Invercargill, et tu m’as inspiré en 25 secondes une admiration sans limite. Je lis ton bloc, ta décision décevante pour toi, certes, mais sage et courageuse, et mon admiration n’en est qu’encore plus grande.
Je n’ai aucun doute que tu le feras, ce TA ! En attendant, je veux toujours aller voir Stewart Island, si Tancrède et toi êtes intéressés !
J’aimeJ’aime
Coucou,
Merci pour ce message c’est trop mignon. Nous sommes remontés à Christchurch pour tenter de trouver du travail et fuite la pluie. Je vais aller marcher vers le Abel Tasman etc. dans le Nord mais si aucun job ne réponds je te le dis et je te retrouves dans le sud. Tu voulais faire les Carlins aussi non ?
J’aimeJ’aime
Racontez nous ce pays, on aimerait tant le voir à travers votre regard; êtes vs dans le déluge? Dans le sud? Serrez vous les coudes, vous êtes mariés pour le meilleur ET pour le pire, quelle chance vous avez! Profitez de tout ce temps à penser, rêver, découvrir…
J’aimeJ’aime
On s’y attaque doucement mais sûrement. Nous avons quitté le déluge du sud de l’île pour un temps un peu plus clément dans le Nord de l’île.
J’aimeJ’aime