Bilan de la septième semaine

1400 km parcourus, fin du désert, début et fin de la montagne, continuité de la pluie, le froid arrive, la Galice est magnifique, changement de chaussures, découverte de la solution miracle pour les ampoules, mais le corps dit clairement stop donc je réduis la taille des étapes, de belles rencontres, Santiago se rapproche nettement.

J’attaque les 250 derniers kilomètres, je me dis qu’il est temps… Et pourtant, j’ai l’impression que c’est trop tôt. Drôle de sentiment en cette fin de semaine.

Mais revenons à son déroulé, dans un premier temps.

Ces derniers jours, j’ai beaucoup longé la route et j’en ai marre. J’arrive au bout de ma patience dans ce désert.

Bien que me délectant du moindre lever de soleil, arbre ou animal ; le désert me tape légèrement sur le système. Que c’est long, que c’est plat, que c’est ennuyeux… Mais la fin approche alors je m’accroche. Leon est un endroit à part, semblerait-il.

J’arrive enfin à Leon, un nouvel objectif atteint (LA dernière grande ville « étape » avant Santiago) ! Mais il a un goût amer. Je pensais que le désert était terminé et j’apprends qu’il reste encore 2 jours après cette merveilleuse ville. Je perds doucement pied, il faut bien l’avouer.

Mais avançons, pas après pas. Et profitons de Leon tout d’abord.

J’y découvre l’architecture extraordinaire de Gaudi, sa cathédrale aux vitraux hors du commun et sa douceur. J’y achète aussi de nouvelles chaussures, car les miennes sont vraiment de pire en pire (je sens les pierres à travers la semelle, après 1500 km ça semble normal). Je m’équipe d’un pantalon contre la pluie, car la météo annonce un temps vraiment pluvieux pour les prochaines semaines, ainsi que des gants avec protection de pluie.

En même temps, on est presque en novembre. Et je suis d’attaque !

Leon est une charmante ville où l’architecture me régale les yeux. Le temps y est clément, je profite donc au maximum. Mais j’ai la tête ailleurs, je m’en rends bien compte.

Qu’est-ce que la norme ? Dois-je vraiment rentrer dans les cases d’une vie toute tracée ? Ai-je le droit de tenter d’autres projets de vie ? J’ai toujours été très légèrement à la marge. Mais je veux être moi. Plus la moi, timorée, qui s’écoute partiellement de peur de déranger par mes différences. Cette moi, qui assume ses choix, ses envies et qui se lance. En aurais-je le courage ?

Me voilà repartie, seule, sans mon bâton de marche (oublié à l’auberge) ; je m’accroche. Ce sont les deux derniers jours de plat avant la Cruz del Ferro (le point le plus haut de ce chemin espagnol), annonçant la montagne et la Galice.

On m’a dit que c’était semblable à la Bretagne, je veux voir cela de mes propres yeux. Qui plus est, c’est montagneux et j’aime tant les reliefs.

L’entrée en Galice sonne la fin de mes journées musicales, coupée du monde et seule. La pluie me réjouit à sa manière et j’aime écouter son bruit sur ma capuche. Je me délecte de ses paysages montagneux qui s’offrent à moi, même si je suis trempée jusqu’aux os la plupart du temps.

Je note que physiquement, j’aime tant les montées… Par contre, je me passerai bien des descentes.

Mon émerveillement et mon plaisir de marcher vont vite s’étioler. Suite à l’achat de mes nouvelles chaussures et un temps très pluvieux ; de nombreuses ampoules apparaissent (de nouveau). Je peine beaucoup sur cette fin de semaine ; la douleur est terrible.

Je bénis, à cet instant, les jours où je ne sentais pas de douleurs dans ces fichus pieds. J’ai si mal.

Je fais des étapes entre 20 et 25 km par jour uniquement. Je me dis que ça me permet de récupérer un peu, ce n’est peut-être pas une mauvaise idée après 1400 km.

Et surtout, je relativise (lors de mes moments de lucidité) quelle chance j’ai de vivre cette expérience. Et O Cebreiro rend plus que magique cette région qu’est la Galice.

Les dodos :

  • Le 28.10 – Puente Villarente / Albergue San Pelayo (20€ avec repas du soir) – Repas très agréable entouré des autres pèlerins, installations relativement neuves et accueil très chaleureux en français.
  • Le 29.10 – Leon / Albergue San Francisco de Asis (12€) – très grande alberge, cuisine équipée, possibilité de se restaurer sur place, proche du centre historique et plutôt propre et bien entretenue.
  • Le 30.10 – Hospital de Orbigo / Albergue paroissiale Karl Leisner – San Juan Bautista (5€) – Dortoirs sommaires, douches à l’extérieures, possibilité de cuisiner.
  • Le 31.10 – Rabal del Camino / Albergue de Pilar (5€) – Possibilité de cuisiner, de prendre un petit-déjeuner sur place, de boire un verre, les dortoirs sont plutôt agréables, il y a un poêle et les douches sont chaudes.
  • Le 01.11 – Ponferrada / Albergue de pelegrinos (5€) – Possibilité de cuisiner, installations relativement neuves.
  • Le 02.11 – Villafranca del Bierzo / Albergue Leo (10€) – Installations neuves, possibilité de cuisiner, poêle dans pièce commune et endroit très accueillant (et beau).
  • Le 03.11 – O Cebreiro / Albergue municipale (6€) – Grand dortoirs, moyennement chauffé, pas de possibilité de cuisiner, mais vue à couper le souffle.

Publié par Jeanne Fauquenot

Passionnée de patrimoine, d'art et d’espaces naturels ; je me suis mise en tête de découvrir, en marchant, ce pays merveilleux qu’est le France. Il m'est alors apparu qu'il m'était nécessaire de partager mes découvertes dans cet extraordinaire monde qui est le nôtre. J'espère que toutes mes aventures vous plairont.

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